Depuis 1967, nous avions l’habitude de passer nos vacances en France. J’étais alors au lycée Jules Ferry à Tananarive.
Un soir de juillet 1970, appelée d’urgence par mon frère Lalao pour venir le rejoindre très vite en France, je suis partie immédiatement sans aucun bagage. Je ne savais pas encore que ce départ précipité allait tourner une page de ma vie. Lalao dirigeait à ce moment-là l’orchestre qui accompagnait Eny Dual, un chanteur très connu à Madagascar et dans l’Océan Indien dans les années 1970. Le groupe qui était en tournée en Bretagne, avait besoin de choristes. Ma sœur Sha et moi connaissions déjà le répertoire du concert puisque quelques mois auparavant, nous chantions avec Eny Dual à Madagascar.
Et dès le lendemain de mon départ d’Ivato, nous étions en concert à Quiberon.
C’est après cette tournée que j’ai pris la décision de ne pas retourner à Madagascar et de m’installer en France.
Lalao, Sha et Mamy étaient déjà compositeurs. Je chantais alors régulièrement. Nous nous produisions tous les quatre sur scène entre autres pour des soirées culturelles et partions en tournée. Nous étions aussi sollicités pour des enregistrements de certaines publicités enregistrées dans les studios IP RTL (Information et Publicité pour le groupe RTL).
Quelques années plus tard, j’ai rencontré Claude qui est devenu mon mari. J’ai alors arrêté progressivement la chanson pour mener une vie bien classique en famille.
Puis notre fille Randiane est née. Et six ans après, Pierre-Yves, notre fils.
Randiane, comme sa grand-mère, est comédienne de métier. Et Pierre-Yves est spécialiste dans les jeux vidéo.
Diplômé en anglais, c’est dans le milieu des jeux video qu’il travaille actuellement. Mon mari est électronicien de métier.
Nous vivons dans la région parisienne tout près de Paris où est installée notre fille.
Contrairement à mes frères et sœur, je n’ai pas fait de la musique ma profession. En revanche, je continue à chanter avec eux et avec toute la famille de Jeanne et Naly les fois où nous rendons hommage à nos parents.
Famille :
- Claude Guygot, époux de Bakoly.
- Randiane Guygot, fille de Bakoly & Claude Guygot – Petite fille de Jeanne & Naly Rakotofiringa
- Mathieu T. conjoint de Randiane Guygot
- Mila T. fille de Randiane Guygot & Mathieu T. – Arrière petite fille de Jeanne & Naly Rakotofiringa
- Pierre-Yves Guygot, fils de Bakoly & Claude Guygot – Petit fils de Jeanne & Naly Rakotofiringa
- Anne-Lise D. conjoint de Pierre-Yves Guygot
Anecdotes :
Jeanne Naly et Naly, nos parents, ne nous ont jamais exclus de leur vie professionnelle. Cette vie d’artistes faisait aussi partie de notre quotidien.
En effet nous passions toutes nos vacances en tournée avec eux et assistions tous les soirs à leurs représentations. Pour les répétitions, les séances de travail avec les comédiens et les chanteurs avaient lieu en général le soir chez nous, à Ambondrona.
Ces soirs-là, les devoirs terminés (ou pas), nous nous faisions tout petits dans le salon. Arrivaient alors les artistes, les uns après les autres : Rose-Lala, Lylie, Fara, Hardine, Mely, Jérôme, Ludger, Robert et Fleurys, Jeannot, Salomon, Ossy… Ce qui nous plaisait aussi, c’est qu’il ne s’agissait pas que de répétition, mais aussi d’une rencontre d’un cercle d’amis où chacun, tout en étant sérieux pour le travail, avait une légèreté qui rendait ces moments fort agréables. Les rires fusaient dans la maison.
Ossy, par exemple, avait toujours des histoires à nous faire mourir de rire. Le ton, le contenu et les mimiques qui n’appartenaient qu’à lui, étaient invraisemblables et il avait ce don de rendre comique une situation tout-à-fait ordinaire qui, racontée par d’autres, n’avait rien de risible.
Pour rien au monde, nous ne voulions nous priver de cela. D’ailleurs, nos parents ne nous interdisaient jamais d’être présents. Ce n’était pas des soirées réservées uniquement à la troupe Naly. Petits déjà, nous éprouvions une certaine excitation à accueillir tout le monde avec nos parents et ensuite, à prendre place pour « écouter ». Enfants, nous assistions régulièrement aux répétitions à la maison. C’est d’ailleurs comme cela que nous connaissons par cœur les chansons, et même les répliques de certaines pièces de théâtre.
Mais ces bons moments n’épargnaient pas les critiques et les auto-critiques car le professionnalisme était constamment présent. Nous apprenions déjà beaucoup.
C’est ainsi que, baignant dans une atmosphère bon-enfant agrémentée de chansons, nous aimons naturellement la musique. C’est un art que nous n’avons pas spécialement cherché à apprendre à telle ou telle école. Il a toujours fait partie de notre vie.
Ambondrona n’était pas seulement une demeure baignée d’amour et de chansons, mais aussi une belle maison d’accueil. En effet, nos parents avaient un esprit très large et tolérant. Ils avaient confiance en nous et sans oublier les limites d’une bonne éducation, ils nous transmettaient les valeurs essentielles.
Le piano y régnait. C’était l’âme de la maison.
Nos parents accueillaient volontiers nos amis. Pas un de ceux-là, n’étant pas forcément musicien, n’a pas essayé de jouer quelque chose sur ce piano. Tout comme nous. Tous les jours l’un de nous était devant le piano. Et cette maison n’était jamais silencieuse. Il y avait toujours un fond musical. Soit la radio, soit le piano.
Maman et Papa nous parlaient beaucoup de musiciens et de poètes qu’ils appréciaient et nous apprenaient à bien écouter certaines musiques qui n’étaient pas la leur. Ils avaient d’ailleurs mis en chansons certains poèmes comme ceux de Rabearivelo, Dox, Andriamanantena, Rakoto de Monplaisir, notre propre grand-père. Ils nous parlaient d’autres artistes comme Naka Rabemanantsoa , Célestine, Teraka, etc. De même, nous écoutions avec eux de la musique classique, par exemple Strauss, Listz, Bach… Papa jouait lui-même des morceaux de Chopin, Listz, Schubert…
Quand Naly composait, nous l’écoutions jouer mesure après mesure, corriger, modifier certains passages. Nous aimions le regarder écrire les partitions, les notes minuscules sur les portées.
Quand Jeanne Naly écrivait une pièce ou une chanson, nous nous agglutinions autour d’elle, en général sur leur lit, pour écouter ce qu’elle avait écrit. Elle nous décrivait les situations, les décors…
Notre mère avait une voix un peu grave et chaude qui nous donnait envie de l’écouter. C’était une vraie conteuse. D’ailleurs, dans les années 1950/1960, elle travaillait à la radio. Elle était speakrine, et prêtait sa voix à des pièces de théâtres radiophoniques.
Que ça soit au temple à Analakely où Papa jouait parfois de l’orgue, ou dans les salles où nos parents se produisaient, ou en famille à Noël et à toutes les occasions, la musique nous suivait partout.
Nous ne sommes pas allés la chercher cette musique-là, c’est elle qui est venue à nous. Elle fait partie de toutes les richesses que Jeanne Naly et Naly nous ont transmises et nous leur en sommes bien reconnaissants.